L’Insee vient de publier les résultats de l’enquête annuelle TIC-Ménages. Réalisée auprès de plusieurs dizaines de milliers de ménages, cette enquête apporte des éclairages sur l’équipement des ménages, leurs usages ainsi que sur les compétences numériques. L'Insee s’appuie, a cette fin, sur un indicateur des compétences numériques (Digital Skills Indicator) mis au point au niveau européen, et qui repose sur 21 activités réparties en 4 domaines (information, communication, création et manipulation de contenus, résolution de problèmes).
38 % des usagers d’Internet manquent d’au moins une compétence numérique, 2 % n’en ont aucune
Utiliser Internet ne garantit pas de posséder les compétences numériques de base.
Selon Stéphane Legleye et Annaïck Rolland,
Référence :
A partir des résultats de l'enquête, Stéphane Legleye et Annaïck Rolland (Insee) observent que
« 38 % des usagers apparaissent manquer d’au moins une compétence dans les quatre domaines que sont la recherche d’information, la communication, l’utilisation de logiciels et la résolution de problèmes. Le défaut de compétence le plus répandu concerne l’usage de logiciel (35 %) devant la recherche d’information (11 %), la résolution de problèmes (8 %) et la communication (7 %)».
L’absence de compétences numériques concernerait 2 % des usagers d’Internet.
« Si l’on ajoute les non-usagers, 17 % de la population se trouve en situation d’illectronisme».
« Le profil des personnes concernées reflète largement celui du non-usage : les plus concernées sont les personnes âgées, peu diplômées, au niveau de vie modeste, vivant seules ou en couple sans enfant, inactives ou vivant dans les DOM. Mais l’âge joue davantage sur les compétences que sur l’équipement, alors que le niveau de vie est plus discriminant pour l’équipement que pour les compétences».
Une personne sur quatre ne sait pas s’informer et une sur cinq est incapable de communiquer via Internet
Obtenir de l’information sur Internet est fondamental.
«
24 % de la population apparaît en être incapable : 9 % se sentent réellement incompétents bien qu’usagers d’Internet, tandis que 15 % sont non-usagers. Parmi les usagers d’Internet, 33 % n’ont ainsi pas été en mesure de se renseigner sur des produits et services et 49 % de rechercher des informations administratives
».
Alors que communiquer via Internet paraît quasi-incontournable dans le monde professionnel et personnel, un peu plus de 21 % de la population ne dispose pas de cette capacité en 2019. Un peu plus de 6 % des personnes apparaissent réellement incompétentes, tandis que 15 % sont en fait non-usagères. Parmi les usagers d’Internet, 14 % n’ont ni envoyé ni lu de courriels et 54 % n’ont pas communiqué via les réseaux sociaux (qu’ils soient personnels ou professionnels).
«Cela accroît le risque d’isolement relationnel et réduit les chances d’obtenir de l’aide en cas de besoin».
«Savoir utiliser des logiciels, comme les traitements de texte, est également une compétence souvent nécessaire dans la vie courante et professionnelle, et s’impose même pour rédiger lettres de motivation ou curriculum vitae afin de postuler à une offre d’emploi. Cependant, 35 % des usagers d’Internet au cours de l’année sont dépourvus de cette compétence».
Parmi les usagers d’Internet dans l’année, 8 % n’ont pas effectué de tâche informatique simple, comme déplacer un fichier, installer un programme ou consulter son compte en banque.
Des compétences clivées suivant l’âge, le diplôme et le type de ménage
Si l’accès à Internet et son usage se développent rapidement, des inégalités de maîtrise des outils numériques persistent, qui dépassent les clivages liés à l’âge. Parmi les usagers d’Internet dans l’année âgés de 18 à 64 ans (hors étudiants et retraités), le diplôme est, toutes choses égales par ailleurs, le facteur le plus discriminant en matière de compétences numériques de base.
Les personnes vivant dans des ménages avec enfant déclarent moins de difficultés à maîtriser les compétences de base, ce qui pourrait témoigner du rôle formateur des jeunes dans l’acquisition des compétences de leurs parents.
«La situation professionnelle est également clivante : les chômeurs présentent moins de difficultés dans les compétences de base que les personnes en emploi et les inactifs ; ils ont aussi moins de risque de ne pas savoir s’informer et utiliser des logiciels. Ce résultat pourrait refléter la nécessité qu’ils ont de consulter régulièrement Internet et notamment le site de Pôle emploi».